Page 2 - Neuf-Brisach -balliet-2017
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majeures : quatre le long du Rhin (Fort Louis, Strasbourg, Brisach et Huningue) ; une à la limite septentrionale, Landau ; une à la limite méridionale, Belfort. Toutefois, une succession d’échecs conduit Louis XIV à conclure les traités de Ryswick (1697). Actes fondateurs des limites « modernes » de la France où le cours du Rhin forme désormais la limite entre la France et l’Empire, ils obligent la France à rendre toutes les places fortes situées sur la rive droite du Rhin dont Brisach. Dès lors, se pose avec acuité le problème de la défense de l'Alsace moyenne alors que Brisach puissamment fortifiée et acquise au Saint Empire pouvait être regardée comme un point de franchissement de choix sur le Rhin. Ces considérations déterminent le roi à faire exécuter par Vauban, dès le mois de mai 1698, une inspection des places de l’Est et une évaluation de la situation de l’Alsace. Confronté à un dilemme quant à la solution à adopter, c’est conjointement avec le Marquis d’Huxelles, alors gouverneur militaire de l’Alsace, qu’il propose la construction d’une nouvelle place dans une plaine unie et dépourvue d’habitants. Son centre géométrique est déterminé par la projection de la capitale
Fig. 2 — Vauban, biscuit du 18e (Collections du Stadtmuseum Breisach am Rhein, cliché Balliet J.M., 2016
du fort mortier2 en l’éloignant suffisamment de Brisach.
Vauban propose au roi, dès le mois de juin 1698, trois projets chacun d’un caractère tellement différent qu’ils témoignent encore une fois de l'absence de logique systémique et de maniérisme si fréquemment et pourtant faussement attribués à son œuvre3. C’est le projet le plus novateur, mais aussi le plus coûteux, qui retient l’attention du roi : une place régulière, de forme octogonale, à corps d’enceinte double. S'appuyant sur le tracé de Landau, Vauban, arrivé à l'acmé de sa carrière, peut concevoir une dernière place considérée quelque temps comme la forteresse idéale. Le projet est définitivement approuvé le 6 septembre 1698 et la direction des travaux est confiée à Jacques de Tarade, directeur des fortifications d'Alsace. Leur réalisation est confiée à un consortium d’entrepreneurs à la tête duquel se trouve Jean-Baptiste de Régemorte. Les travaux progressent dès alors rapidement et un canal, aujourd’hui connu sous le nom de canal Vauban, est creusé pour amener les matériaux de construction à pied d’œuvre. Dès le mois de mars 1702, la place bien qu’incomplète peut être mise en état de défense alors que le canal Vauban est partiellement remblayé.
Si Vauban est régulièrement tenu informé de tous les détails de l'avancement des travaux, il ne se rendra à Neuf-Brisach qu’à deux reprises : en avril 1702 et en mai 1703 pour prendre part à son dernier siège, celui de Brisach. L’année 1703 se révèle funeste pour Neuf-Brisach : Si la ville neuve a déjà été
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Ancienne demi-lune de Brisach sur la rive gauche du Rhin.
Une classification artificielle, sans fondement et pourtant souvent reprise, attribue le qualificatif de « troisième
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système » au front utilisé à Neuf-Brisach.
p. 2 Balliet J.M. - La place forte de Neuf-Brisach au XVIIIe.


































































































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