Page 7 - Neuf-Brisach -balliet-2017
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Artillerie & Fortifications
Fig. 7 — Passage de la porte de Colmar avec sa porte conservée du 19e s.
associés à une série de ponts-levis. Rapidement dégradés, ils seront remplacés par des ponts permanents en pierre d’un entretien plus aisé et surtout moins onéreux en conservant pendant un temps le système de pont-levis.
Les fossés secs sont pourtant souvent décrits comme étant en eau. Outre le fait que Vauban privilégiait les fossés secs, le terrain à Neuf-Brisach ne s’y prête guère. Lorsqu’il s’agit de fossés en eau, il ne faut y voir qu’un blanc d’eau dû à un problème de drainage des fossés. Source d’épidémies graves et récurrentes, ce problème ne connaîtra une solution que dans la seconde moitié du XVIIIe avec un relèvement de la semelle des fossés. Ces fossés secs comportent, très classiquement, une cunette permettant leur drainage mais aussi l’évacuation des eaux usées de la ville. Un aqueduc, issu du canal Vauban, s’abouche dans le fossé sur le front de la porte de Belfort et permet de réaliser les indispensables purges des cunettes. L’évacuation des eaux était réalisée sur le front de la porte de Colmar vers la rigole de Widensohlen.
L’intérieur de la place est quant à lui divisé en quarante-huit quartiers séparés par de larges rues permettant une circulation aisée et rapide des troupes tout en agissant comme coupe-feu. Les surfaces militaires habituelles sont d’une taille conséquente : arsenal, magasins, parcs à boulets, poudrières, etc. Quatre grandes casernes sont disposées au pied des remparts parmi lesquelles les casernes 819 et 82, initialement affectées aux troupes de cavalerie. Bien que le faîte de leur toit dépasse largement le rempart, elles sont placées à l’abri relatif de ce dernier.
C’est à juste titre que Neuf-Brisach figure parmi les œuvres majeures de Vauban. N’en déplaise aux hagiographes, ce n’est toutefois pas faire injure au maître que d’y relever quelques défauts. Nombre d’auteurs10 s’y sont essayés et d’aucuns proposeront de subtiles et illusoires modifications architecturales, toujours envisagées et jamais réalisées, d’y pallier. On relève essentiellement :
‣ Le coût élevé des solutions retenues est mis en exergue. Les tours bastionnées sont très critiquées dans leur conception et leur faible rapport coût efficacité. Il est de même pour les fragiles passerelles de bois reliant les contregardes aux tenailles et nécessitant la construction de poternes. Sans renier toutes les innovations introduites à Neuf-Brisach, nombre d’ingénieurs contemporains estiment que les concepts architecturaux plus traditionnels et moins onéreux ne sont guère moins efficaces. Ils négligent cependant les très
Fonds Dr Balliet — Colmar
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10 CORMONTAIGNE (Louis de)] - Architecture militaire ou l'art de fortifier, Qui enseigne d'une manière courte & facile la construction de toutes sortes de fortifications régulières & irrégulières [...]. À La Haye, 1741 ; PRÉVOST DE VERNOIS - De la fortification depuis Vauban ou Examen des principales innovations Qui s'y sont introduites depuis la mort de ce grand homme. Paris, 1861 ; etc.
Caserne Suzonni (Dénomination usuelle à Neuf-Brisach, il faudrait pourtant lire Suzzoni !)
Balliet J.M. - La place forte de Neuf-Brisach au XVIIIe. p. 7


































































































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