Lorsqu’il s’agit de masquer une série d’erreurs dans les choix doctrinaux commis avant le premier conflit mondial, on n’hésite pas à mettre en œuvre un corpus d’opérations de propagande… On conforte ainsi — tout particulièrement au profit de l’arrière — le mythe de la toute-puissance du canon de 75, l’arme de la revanche !

Cliché daté de 1901 d’une pièce affectée au 22e RAC (Régiment d’Artillerie de Campagne) alors stationné à Versailles.
En effet, si ce canon de campagne est assurément une merveille technologique qui surpasse aisément les réalisations contemporaines, tout particulièrement celles de l’Allemagne, il masque les choix malheureux réalisés avant le conflit qui reposent presque entièrement sur cette seule pièce. On avait négligé les avertissements de quelques officiers avertis, Rimailho et quelques autres qui, bien au fait des règlements de manœuvre allemands, souhaitaient que l’artillerie française se dote d’obusiers — aptitude au tir plongeant — voire d’une artillerie lourde — aptitude à l’action lointaine et au tir de contrebatterie —avec de graves conséquences dans les premiers temps du premier conflit mondial.
De l’action la plus simple… les cartes postales à la gloire du « 75 » et de ses inventeurs



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Ouvrage publié au mois de décembre 1914 dont le seul intérêt pour l’histoire de l’artillerie réside dans son très beau cartonnage de l’éditeur et pour la démonstration d’un engouement dont on connaît la suite d’une pièce d’artillerie qualifiée de merveilleuse. Les aventures de la pièce nommée « Revanche » et de son chef de pièce « Nénesse » font l’objet d’un texte empreint d’un patriotisme flamboyant.
Une merveille du génie français. Notre 75 [1915]
Il s’agit dans cet ouvrage de mettre en avant les « génie français » mis en œuvre au profit de ce canon. À cet effet, Il comprend une planche hors-texte en couleur comprenant des éléments mobiles — des retombes — permettant d’observer les différents composants de la pièce à l’aide de coupes successives.
Schloesing, Alphonse-Théophile (1856-1930, ingénieur du corps des manufactures de l’État, était diplômé de l’École polytechnique. Il succède à son père à la direction de l’École d’application des manufactures de tabac (en 1899), ainsi qu’à la chaire de chimie agricole et analyse chimique au Conservatoire national des arts et métiers (en 1919). Membre de l’Institut, Académie des sciences (élu en 1903). Trop âgé pour participer au premier conflit mondial, il propose une petite monographie qui sans être dépourvue de qualité — au premier chef, son caractère accessible — n’est in fine qu’une hagiographie avant l’heure d’une pièce dont la réputation est portée à son acmé en 1915.
La « Journée du 75 » a été initiée, sous la forme d’une quête au profit des soldats, par le Touring Club de France le 7 février 1915. Devant le succès de la quête organisée au profit du poilu, cette action fut en fait prolongée pendant toute l’année 1915.

Colifichets patriotiques