Archives de catégorie : Vues aériennes

Fortifications d’Ancône (Ancona, Italie) — Forte Altavilla

Forte Altavilla — Situation générale
Forte Altavilla — Situation générale

Si le patrimoine fortifié italien se révèle d’une richesse inouïe pour les périodes du Moyen-äge au 18e siècle, les périodes plus récentes et, plus particulièrement, le 19e siècle ne sont pas en reste !

Forte Altavilla — Vue depuis le front d'attaque

En raison de sa situation géographique, l’Italie compte également de nombreuses fortifications littorales… La ville portuaire d’Ancône (it. Ancona) donnant sur l’Adriatique dispose d’un patrimoine fortifié remarquable avec une citadelle construite par le célèbre architecte San Gallo mais également une série d’ouvrages du 19e dont le plus emblématique correspond probablement au Forte Altavilla, un des premiers forts du secteur construits après l’unité italienne !

Forte Altavilla

Genèse.

En effet, l’ordonnance du ministère de la Guerre en date du 12 décembre 1860 ordonne sa construction deux mois seulement après l’arrivée des troupes piémontaises à Ancône. Le comité des ingénieurs militaires basé à Turin, examina et modifia le projet à plusieurs reprises avant de l’approuver définitivement le 22 septembre 1862.

Comme l’ouvrage situé sur une colline voisine, le fort Umberto, il fait partie de la deuxième ligne de défense construite au 19e siècle. Construit sur une colline près de la ville de Pietralacroce, sa construction a débuté en 1863 pour s’achever en 1866. Le nom du fort est tout simplement inspiré d’une construction, une villa, qui existait auparavant. Bien que d’un plan assez classique — une batterie d’artillerie à ciel ouvert protégée par de l’infanterie —, le projet s’est révélé complexe en raison de l’augmentation continue des coûts de construction due à la forme et de la nature du terrain.

Dispositions architecturales.

L’ouvrage, construit de manière relativement symétrique, adopte un plan assez original, très différent des modèles autrichiens et français.

On accède à l’intérieur de l’ouvrage par une porte, située sur le côté gauche de la gorge de l’ouvrage, qui était précédée d’un pont-levis, aujourd’hui disparu. Dans les locaux adjacents, on trouvait bien évidemment le poste de garde, un local permettant la manœuvre du treuil du pont-levis et les locaux de commandement.

Forte Altavilla — Accès, plateforme & rampe d'artillerie
Forte Altavilla — Accès, plateforme & rampe d’artillerie

Forte Altavilla — Porte

Forte Altavilla — Porte

Forte Altavilla — Porte

Forte Altavilla — Citerne ou puits jouxtant le passage de porte
Forte Altavilla — Citerne ou puits jouxtant le passage de porte

La vaste plateforme d’artillerie, à laquelle conduit une rampe d’artillerie, est constituée d’un massif en terre dont l’escarpe est en terre coulante. Elle coiffe ainsi le passage de la porte, les habituels casernements, locaux d’artillerie, magasins à poudre et à munitions, etc.

Forte Altavilla — Plateforme d'artillerie et son escarpe en terre coulante
Forte Altavilla — Plateforme d’artillerie et son escarpe en terre coulante

L’organisation défensive du fossé est particulièrement développé. Sur la face gauche est disposée une caponnière saillante alors qu’au niveau de la face droite, la défense est assurée par des galeries de fusillades disposées dans la contrescarpe et couvrant le fossé à l’aide de feux de revers. Un semblant de caponnière, en réalité un simple mur à la Carnot, couvre la gorge de l’ouvrage. Dans son prolongement se trouve une caserne à partir de laquelle part une gaine menant à la caponnière.

Forte Altavilla — Source : Museo dell’Arma del Genio, Roma (via i Sedici Forti di Ancona)

Forte Altavilla — Vue d'apex

Forte Altavilla — Caponnière
Forte Altavilla — Caponnière

À l’opposé, on trouve d’autres casernements pour la troupe, la cuisine et une trappe conduisant à un passage souterrain menant au mur à la Carnot et aux toilettes. Une gaine à laquelle succède un escalier mène aux galeries de fusillade disposées dans la contrescarpe.

Forte Altavilla — Gorge de l'ouvrage et mur à la Carnot
Forte Altavilla — Gorge de l’ouvrage et mur à la Carnot

Forte Altavilla — Gorge de l'ouvrage et mur à la Carnot

Forte Altavilla — Gorge de l'ouvrage et mur à la Carnot

Armement.

9 canons de 16 cm montés à barbette sur un affût de siège — cannoni da 16 GR in barbetta con paiuolo d’assedio — à l’exception de la pièce numéro quatre installée sur un affût de place. Chaque pièce était approvisionnée comme suit : 372 obus, 18 obus à balles et 10 boites à mitraille.

6 obusiers —  obici da 24 GRC Ret. — avaient été prévus mais jamais installés.

Bien que situé en bord de mer, son action est avant tout terrestre et s’intègre au périmètre défensif autour du port d’Ancône.

Aujourd’hui…

L’ouvrage est très bien conservé, exempt de tous ces tags que l’on trouve habituellement en France, et parfaitement accessible puisqu’il fait office de parc municipal.

Forte Altavilla — Caserne (flanc gauche)
Forte Altavilla — Caserne (flanc gauche)

Forte Altavilla — Pompe

Forte Altavilla — Fossé

Orientation « sitologique »

Le site internet, en tous points remarquable de l’association pour les fortifications d’Ancône (il sito web, a tutti gli effetti notevole dell’associazione) : Sedici Forti di Ancona (avec de nombreux clichés complémentaires à ce billet)


Dr BALLIET J.M. — 2018



Forts de Joux, du Larmont inférieur et al. : une anthologie de la fortification française. 1re partie !

Fort de Joux — Le château historique précédé d’une 2e, 3e et 4e enceinte ! À droite du cliché, le « fort moderne » occupant l’espace de la 5e enceinte.


Il existe des lieux, peu nombreux, qui offrent presque en un clin d’œil une perspective sur plusieurs siècles d’architecture militaire. Près de Pontarlier (Doubs), on peut y compter le fort de Joux et les ouvrages adjacents. En effet, la route menant de Suisse à Pontarlier passe par une cluse — une sorte de défilé encadré par des escarpements — qui forme un passage obligé idéalement situé pour contrôler cette importante voie de communication et, plus particulièrement, y prélever des droits de péage.

Fort de Joux (front nord-est) — Vue depuis la route menant de Suisse à Pontarlier et passant par une cluse.
Contrôler un défilé… 1. Fort de Joux 2. Fort du Larmont inférieur 3. Corps de garde crénelé 4. Galerie de fusillade

Introduction sous la forme d’une ballade aérienne (juin 2017) [durée 3min.56].

Fortification médiévale — le château de Joux

Les premières traces se retrouvent dans les archives dès le XIe siècle. Il est régulièrement modernisé : ajout de tours sur le front nord, construction des tours Mirabeau, Grammont et d’une seconde enceinte au XIIIe siècle auxquels s’ajoutent, vers la fin du XIVe siècle, la fameuse tour du fer à cheval ainsi qu’une troisième enceinte et un fossé.

Durant la guerre de Trente Ans, il est un temps aux mains françaises avant d’être rendu avec l’ensemble de la Franche Comté à l’Espagne. Le traité de Nimègue (1678) acte le rattachement de la Franche Comté (et du château de Joux) à la France et ouvre de nouvelles perspectives architecturales…

Le château de Joux (enceinte médiévale) précédé d’une seconde et d’une troisième enceinte comprenant la tour dite du fer à cheval.

Fortification bastionnée — le temps de Vauban !

Entre 1678 et 1690, les contributions de Vauban et de ses ingénieurs modifient durablement l’aspect du site.

Fort de Joux en 1717 (source bnf) — Les cinq enceintes ont été édifiées.

[1678-1690] Adaptation de la troisième enceinte (médiévale) et construction d’une quatrième enceinte prenant la forme d’un ouvrage à cornes et d’une cinquième enceinte suivant le même modèle. L’ensemble couvrait un vaste glacis au sud alors que les fronts nord et est contrôlaient la route passant par la cluse. [1690] Nouveau projet pour le château de Joux.

Porte monumentale du 17e s., accès à la quatrième enceinte. Si le pont-levis à flèches correspond à l’organisation du 17e s., les gardes corps correspondent à des adaptations de la seconde moitié du 19e s.
Le temps de Vauban : Le front de la quatrième enceinte prenant la forme d’un ouvrage à cornes.

[1690-1693] Reconstruction de la seconde enceinte médiévale, construction de casernes et, surtout, d’un puits profond de 174 mètres ! D’autres adaptations de l’enceinte — nouvelles embrasures, modification de la tour du Fer à cheval — sont essentiellement destinées à renforcer l’efficacité des tirs d’artillerie.

Fort de Joux — Temps de Vauban : Quatrième enceinte, demi-bastion gauche de l’ouvrage à cornes.

Fort de Joux — focus sur le noyau historique — la 1re enceinte — progressivement complété par quatre autres enceintes


Si la période de l’Empire se caractérise par l’usage du fort de Joux comme prison d’état, dont le très fameux Toussaint Louverture, il connaît les vicissitudes liées aux combats dans les années 1813, 1814 et 1815.

Époque de la Restauration et de la Monarchie de Juillet.

À la fin des années 1820, des travaux de réfection sont entrepris. Mais il faut attendre les années 1840, sous le gouvernement de la Monarchie de Juillet [1830-1848] pour qu’un programme plus ambitieux, il concerne l’ensemble des frontières de la France, soit entrepris. Outre la poursuite des travaux au fort de Joux débutés en 1835 — reconstruction de la 5ème enceinte et établissement d’une terrasse d’artillerie sur le donjon — on relève, en 1848, des modifications apportées à la 2ème enceinte (nouveaux parapets avec créneaux de fusillade, escalier de sécurité…).

Par ailleurs, on construit, entre 1845 et 1851, un fort sur la montagne du Larmont. Il s’agit d’interdire à un adversaire, l’usage d’une position qui offre une vue imprenable sur le fort de Joux ! D’abord baptisé Fort neuf, il est aujourd’hui plus connu sous celui de Fort du Larmont inférieur ou de Fort Mahler. Le dispositif de barrage de la cluse est complété par le retranchement du Chauffaud, une sorte de corps de garde crénelé très similaire à ceux du modèle 1846 que l’on trouve en nombre sur le littoral. Ce retranchement est relié au fort du Larmont inférieur par une longue galerie de fusillade.

Fort de Joux — À l’arrière-plan, le fort du Larmont inférieur depuis la tour du fer à cheval.
Le fort de Joux depuis le Larmont inférieur.
Fort de Joux, front nord-est précédé par le plateau de la Rochette (aménagement d’une batterie d’artillerie après 1879)

Guerre de 1870 et les fortifications du système Séré de Rivière.

En 1871, les forts de Joux et du Larmont inférieur interviennent afin de protéger la retraite de l’armée du général Bourbaki vers la Suisse. Au regard de son importance stratégique, les forts de Joux (i. e. Château de Joux) et du Larmont inférieur sont intégrés dans le nouveau dispositif défensif dû au général Séré de Rivière. En 1877, trois tonnes d’explosifs saisis par la douane explosent, détruisant entièrement le casernement. La reconstruction est réalisée, sous une forme plus moderne, entre 1882 et 1884 avec une dernière modernisation en 1891 (creusement d’un magasin sous roc).

Entre 1879 et 1887, des travaux sont dirigés au fort de Joux par un officier du génie, le capitaine Joffre. Il modifie sensiblement le front sud qui prend son aspect actuel : construction de deux casemates en fonte dure du type Mougin armées chacune d’un canon de 155 mm Mle 1877 du système de Bange et leurs magasins à munitions adjacents ainsi qu’un casernement à l’épreuve installé dans le fossé en arrière de la cinquième enceinte, aménagement d’une batterie d’artillerie sur le plateau de la Rochette, création d’un magasin sous roc ainsi que de nombreuses galeries, etc. Enfin, le fort du Larmont supérieur (fort Catinat) est construit en 1879 et renforce le dispositif défensif vers le nord. Enfin, en 1886, une batterie annexe est construite au sud-ouest, à l’extérieur du fort du Larmont supérieur.

Fort de Joux, front sud-ouest. Le « fort moderne » vient remplacer l’ouvrage à cornes du 17e.

Focus sur les casemates en fonte dure du type Mougin…

Le « fort moderne ». Les flèches indiquent les axes de tir des casemates de type Mougin. Les autres structures correspondent essentiellement à des magasins à poudre à l’épreuve.
Fort de Joux, front sud-ouest  — Embrasure d’une des deux casemates en fonte dure du type Mougin (au second plan, le puits de lumière).
Fort de Joux, front nord-ouest  — Embrasure d’une des deux casemates en fonte dure du type Mougin.
Fort de Joux, — Séré de Rivière : Accès principal au « fort moderne »
Fort de Joux —  Casemate en fonte dure du type Mougin armée d’une réplique d’un canon de 155 mm Mle 1877 du système de Bange.
Fort de Joux, — Séré de Rivière : Magasin à poudre du « fort moderne » destiné à alimenter les pièces des casemates Mougin. ndr : Noter les inscription d’époques sur le porte !
Magasin à poudre du « fort moderne »… Vestige du plancher en bois avec son vide sanitaire.


Miscellanées…

Fort de Joux  — Séré de Rivières : Casernement à l’épreuve  installé dans le fossé en arrière de la cinquième enceinte.
Fort de Joux — Grand escalier à vis dû au Cne Joffre (2e moitié du 19e s.) d’une trentaine de mètres de profondeur. Il conduit au grand puits et divers magasins.

Période 1930-1940.

Les forts bien qu’obsolètes bénéficient de quelques aménagements et subiront vaillamment l’épreuve du feu en juin 1940.

Aujourd’hui

Le fort de Joux a fait l’objet d’importantes campagnes de restauration durant les dernières décennies et mérite assurément le détour !


Il convient tout particulièrement de souligner la qualité de l’accueil par les personnels animant le site… Les propos et explications se sont révélés, hormis quelques détails, suffisamment pertinents, au moins pour un public non averti. À l’aune de ce que j’ai pu observer sur quelques autres sites, c’est un point qui mérite d’être souligné.


L’état des forts du Larmont est par contre bien plus préoccupant, tout particulièrement pour ce qui concerne le fort du Larmont inférieur. Les travaux de restauration entrepris, semble-t-il par une association, se soldent, pour différentes raisons, par un échec et l’état du fort semble aujourd’hui très préoccupant, à tel point que son accès est interdit car particulièrement dangereux. Enfin, il importerait également de prendre soin du corps de garde crénelé dont le caractère moins spectaculaire mais non moins exceptionnel, lui confère un intérêt patrimonial certain. Quant au fort du Larmont supérieur, il n’est visitable qu’en de rares occasions.

Les forts du Larmont seront traités dans la seconde partie de ce billet.


Dr Balliet JM — 2017

Château du Pflixbourg… Ancien verrou de la vallée de Munster vers l’Alsace


Cité dès le 13e s. comme une forteresse impériale permettant de contrôler le débouché de la vallée de Munster en Alsace, il passe de mains en mains jusque vers la fin du 15e s., date présumée de son abandon. Lors de la guerre de Trente ans, le château sera définitivement détruit.


Son enceinte prend une forme grossièrement pentagonale au milieu de laquelle se trouve le donjon.

L’accès semble d’un type unique en Alsace (Mengus et Baldrauf) puisqu’elle s’ouvrait sous la protection du donjon circulaire haut de 22 mètres dont l’entrée se trouvait à 9 mètres de hauteur !


Les logis étaient disposés le long de la muraille et sous le donjon, dans le massif rocheux, était installée une citerne.

Une lumière et des couleurs d’automne… Un autre visage des châteaux d’Alsace

L’entrée très particulière du château du Pflixbourg et le donjon avec un accès haut situé.

Ballade aérienne autour du château (durée 01:40)

Quelques vues prises du fossé entourant l’enceinte.

L’accès au château couvert par le donjon



Enfin, à l’instar du Hohlandsbourg, on peut découvre dans le fossé du château deux accès à un abri allemand construit durant le premier conflit mondial.

Abri allemand dans le fossé (1914-1918)… aujourd’hui condamné


Référence bibliographique : MENGUS (N.), RUDRAUF (J.M.) – Châteaux forts et fortifications médiévales d’Alsace. Dictionnaire d’histoire et d’architecture. Strasbourg, 2013.

Château de Hagueneck (13e s.) — Ballade aérienne (nov. 2017)


Niché au fond d’un vallon, à proximité de Wettolsheim, il ne se révèle que difficilement au regard du visiteur. D’ailleurs, seule une visite matinale permet de profiter d’un peu de soleil !


Il s’agit d’une construction aux dimensions très modestes : un mur d’enceinte de forme rectangulaire se raccordant à un donjon carré. D’après Mendus et Baldrauf, le donjon est plein puisque la seule partie creuse correspond à à un escalier très étroit qui permet d’atteindre la plateforme.


Pris de vive force à l’aide d’échelles, le château est incendié puis reconstruit au début du XIVe siècle. Il est complété par une enceinte située en contrebas à la fin du XIVe – début de XVe s.

—  ndr : un clic sur l’un quelconque des clichés… Affichage dans la meilleure résolution —

Ballade aérienne au-dessus et autour du Hagueneck (durée 54 s.)

Galerie de clichés… La situation du Hagueneck rend les prises de vue particulièrement difficiles 

Citadelle de Bitche – Ballade aérienne [oct. 2017]

Front sud et l’ouvrage à cornes de la grosse tête


Si l’imposant rocher qui domine la ville de Biche a été fortifié très anciennement, on y cherchera presque en vain quelques traces de Vauban. En effet, s’il est bien intervenu sur le site, ses fortifications seront rasées lors du départ contraint des troupes françaises répondant aux conditions du traité de Ryswick (1697). Ce n’est qu’une quarantaine d’années plus tard, sous le règne de Louis XV, que la France reprendra pacifiquement possession du duché de Lorraine.

Le comte de Bombelles, gouverneur militaire de Bitche, entreprend alors de reconstruire la Citadelle. Il est assisté par l’ingénieur Cormontaigne (nommé, en 1744, directeur des fortifications de Metz), qui modernise le tracé initial de Vauban. Les travaux, initié en 1741, durèrent jusqu’en 1754.

———  ndr : un clic sur l’un quelconque des clichés… Les découvrir dans leur meilleure résolution ———

Entre 1846 et 1852, la ville est entourée par une d’enceinte urbaine dont la défense est complétée au nord par le fort St Sébastien. Entre la citadelle et le fort, un vaste espace est prévu pour accueillir des troupes et transformer Bitche en camp retranché.

Lors de la guerre de 1870, les troupes allemandes assiègent Bitche. Si la garnison résiste pendant près de six mois, les bombardements ont fortement endommagé la citadelle. Désormais aux mains des Allemands, ces derniers procèdent à de nombreuses adaptations pour accueillir une garnison : l’enceinte urbaine est presque entièrement détruite et la structure de la citadelle profondément remaniée (modification des profils sans toutefois altérer ceux des dehors, transformation de nombreuses casemates, noria à munitions, armement, casernements, etc.).

Alors qu’en 1918, la ville redevient française, l’importance militaire de la citadelle est des plus réduite. Pourtant, sa situation réalise un excellent poste d’observation ainsi qu’en témoignent les observatoires aménagés sur l’ouvrage à cornes de la grosse tête.

Ouvrage à cornes de la grosse tête et ses trois observatoires « Maginot »

Enfin, pendant l’hiver 1944 marqué par d’âpres combats dans le secteur, la population se réfugie dans les souterrains de la citadelle.

Front de le demi-lune de la Petite tête ceinte de son couronné

Aujourd’hui, on se doit de signaler la qualité de l’accueil et l’importance des travaux dont bénéficie le site, même s’il reste encore fort à faire… Il suffit, pour s’en convaincre, de s’y rendre !

Vidéo (durée 2 min. 30)

Quant à la qualité du site, qu’on en en juge ne serait-ce qu’à l’aune de cette rapide ballade aérienne (durée 2 min. 30)…


Quelques autres clichés de cette citadelle remarquable…

Pour en savoir plus : Orientations bibliographiques…

  1. BALLIET J.M. – Die Festung Bitche. In : Fachtagung deutsche Westbefestigung, 2013, vol. 2013, p. 129-149.
  2. BALLIET J.M. – Die Festung Bitche 1673-1870. In : Festungsjournal – DGF, 2016, vol. 49, p. 19-28.
  3. HOHNADEL A. – La citadelle de Bitche. Metz, Ville de Bitche – S. Domini éd., 2007.

1914-1918 — Vestiges du premier conflit mondial dans le secteur du Linge-Hohrodberg

Si les Vosges alsaciennes conservent nombre de vestiges du premier conflit mondial, le secteur du col du Linge – Hohrodberg – Col du Wettstein est assurément l’un des plus connu… Peut-être plus par les randonneurs que par les visiteurs intéressés par les tragiques événements du premier conflit mondial.

Circuit Hohrodberg – col du Wettstein

Après une première excursion dans le secteur voisin du Barrenkopf, je vous propose un rapide focus sur les positions françaises proches du Hurlin — un observatoire jouissant, à l’époque, d’une vue privilégiée sur de larges secteurs du front — accompagné d’une petite carte proposant une courte randonnée sans aucune difficulté.

Ce billet est agrémenté par quelques clichés et une vidéo (durée 2 min.) issus de ballades aériennes réalisées aux mous d’août et d’octobre 2017.

Ballade aérienne… Au-dessus de la deuxième crête fortifiée conduisant, entre autres, aux positions sur le Hurlin (durée 2 min. 09).

Portfolio…

ndr : un clic sur l’un quelconque des clichés vous permet de les découvrir dans leur meilleure résolution.


La position se présente comme un entrelacs de tranchées et d’abris aujourd’hui encore parfaitement visibles.

Aujourd’hui, aux affres des combats s’est substitué un lieu d’exception proposant un panorama à couper le souffle…

Le château du Hohnack à l’heure dorée



Il est des lieux surprenants que je n’avais pas encore trouvé l’occasion de découvrir. À mon grand dam c’est le cas du château du Honack, pourtant situé à peu de distance de Colmar, sur le ban de la commune de Labaroche.


Ce site, très accessible, fait apparemment l’objet d’un entretien et d’une mise en valeur soigneux… Quelques panneaux, simples mais parfaitement compréhensibles, permettent aux visiteurs de mieux appréhender le site.

Pourtant, vu du sol, le château ne se livre que trop partiellement, ce qui confère à la signalétique un intérêt supplémentaire. En effet, ce sont les vues aériennes qui permettent de découvrir une architecture militaire intéressante. S’il reprend initialement les dispositions typiques d’un château du 12e siècle, les travaux de modernisation réalisés vers la fin du 15e siècle — reconstruction complète de l’enceinte pour l’adapter aux armes à feu — lui confèrent un aspect moins usuel.


Le château sera malheureusement démantelé sur les ordres de Louis XIV en 1655…


D’après Mengus & Rudrauf, les vestiges se répartissent suivant deux périodes bien distinctes :

  • Château du 12e siècle : donjon carré conservé sur un tiers de sa hauteur et caractérisé par l’utilisation de grandes pierres.
  • L’enceinte extérieure et le dispositif d’accès du 15e siècle. Elle reprend peu prou le tracé antérieur et réutilise les pierres à bossage mais le dispositif retenu offre désormais des canonnières et des embrasures destinées aux arquebuses.
Du bas, dans le sens des aiguilles d’une montre : 1. Tour-porte 2. Tour semi-circulaire 3. Tour des sorcières 4. Tour dite du moulin


La disposition intérieure répond aux standards du temps mais on relève avec intérêt l’existence de la partie supérieure d’un puisard relié à une citerne qui serait, aujourd’hui, encore fonctionnelle (nota : La margelle du puits jouxtant le donjon a été, quant à elle, restituée).

Ballade aérienne (durée 1min. 07)…

Quelques autres clichés…

Double-clic sur un cliché quelconque pour accéder à la galerie.

Orientation bibliographique sommaire

MENGUS (N.), RUDRAUF (J.M.) – Châteaux forts et fortifications médiévales d’Alsace. Dictionnaire d’histoire et d’architecture. Strasbourg, La Nuée Bleue, 2013.

Défense des côtes bretonnes : Les corps de garde du type 1846

Batterie & corps de garde de Locqueltas — Île d’Ouessant


Vers le milieu du 19e siècle, un important programme de défense des côtes est mis en œuvre. Ce dispositif se caractérise, entre autres, par une série de corps de garde et de réduits du type 1846 et leurs avatars.

Parmi ces constructions, aujourd’hui encore très largement répandues le long des côtes françaises, on distingue deux formes élémentaires :

  • Tour crénelée suivant un modèle numéroté de 1 à 3
  • Corps de garde crénelé suivant un modèle numéroté de 1 à 3

Ils sont disposés soit en retrait d’une batterie de côte ou sous la forme d’un poste d’observation isolé.

Pour conserver à ce billet une dimension nécessairement contenue, seuls des exemples de corps de garde crénelés venant compléter une batterie de côte seront abordés.

La batterie, visible à gauche du corps de garde, est parfaitement conservée 


Ce type de bâtiments se caractérise par son apparente simplicité aussi bien au niveau architectural que par son agencement intérieur. Si des variations dans les détails de construction peuvent être observées, c’est d’abord la taille qui les distingue (n° 1 pour la taille la plus importante, n° 2 pour la taille intermédiaire, n° 3…). Cependant, au fil du temps de nouveaux modèles viendront s’y ajouter à partir de 1861 (modèle « renforcé »…).

Si le programme n’a pas atteint le volume escompté, ce sont entre 120 et 150 réduits qui auraient été construits. Les derniers ouvrages, déjà largement marqués par l’obsolescence, seront construits en 1862.

Aspect général

Une forme rectangulaire, une terrasse unique bordée d’un parapet dans lequel sont disposés des créneaux de fusillade, une défense assurée par deux bretèches sur chaque face.

Corps de garde n°3 pour 20 hommes de la batterie de Loqueltas – Île d’Ouessant (1862) Seul le pont-levis fait défaut et la plate-forme restituée informatiquement dans son état du 19e.

Organisation intérieure

Suivant la taille de l’ouvrage, deux ou trois chambres voûtées disposées entre des groupes de deux ou trois locaux disposés perpendiculairement aux petits côtés du rectangle.

L’accès à la terrasse se faisait à l’aide d’un escalier en bois à partir d’une des chambrées. Son débouché était abrité sous une voûte. Cette terrasse formant, en théorie une plateforme d’artillerie servait également à la collecte des eaux pluviales qui venaient alimenter une citerne.

Ph. Truttmann (1) apporte une précision particulièrement intéressante à propos de l’aménagement des chambrées : « Le couchage de la troupe était organisé comme dans la marine, en hamacs et non plus sur des lits de camp, ceci pour de louables raisons d’hygiène et de convertibilité des locaux. On se réservait, en effet, la possibilité de replier à l’abri dans les casemates, en temps de paix, une partie des pièces de la batterie, et la présence de lits de camp fixes l’eût rendu impossible. ». On en déduit que le corps de garde remplissait également le rôle de magasin d’artillerie, au moins en temps de paix !

L’entrée était précédée d’un pont-levis permettant de franchir un modeste fossé. Suivait un vestibule muni d’une seconde porte dite de sûreté. Son accès était défendu par des créneaux de fusillade ainsi qu’un assommoir !

L’éclairage est assuré par des fenêtres barreaudées en forme de demi-lune également disposées au-dessus des créneaux de fusillade. Dans ce cas, elles permettent aussi l’évacuation des fumées alors que les armes utilisent encore de la poudre noire. Le magasin à poudre était quant à lui pourvu des classiques évents organisés en forme chicane.

La batterie de Locqueltas (Île d’Ouessant)

Il s’agit d’assurer la défense du mouillage de la baie de Lampaul. Sur le site d’une batterie existante, une nouvelle batterie de côte et un corps de garde crénelé n° 3 élevé en 1861-1862 ont été installés. L’armement prévu pour la batterie de Locqueltas était de deux canons de 30 et deux obusiers de 22 cm.

Le corps de garde du modèle n°3 est prévu pour 20 hommes. Les travaux ont été réalisés en 1861-1862. Le site est déclassé dès 1889 et l’armement n’a probablement pas été mis en place (source P. Jadé).


Vol réalisé au mois de septembre 2017 (résolution maximale : 4k)

La forme est typique… elle utilise un plan-type presque parfaitement standardisé sachant qu’il peut y avoir quelques variantes locales suivant les chefferies. Elles portent essentiellement sur les créneaux et les bretèches. Ici la plate-forme a été restituée en supprimant les ajouts actuels et répondre ainsi aux souhaits du propriétaire.

Vue d’apex — L’aspect de la plate-forme a été restitué informatiquement pour correspondre à son état du 19e s. et ne correspond bien évidemment plus à son aspect actuel —  En bas, à droite, plateforme pour l’un des 4 canons de 75 Mle 1897 sur affût 1916 installés sur  Ouessant à la veille de la 2e guerre mondiale

La batterie…

Vue du front de mer : La batterie protégée par son parapet ainsi qu’un merlon le llong de la côte masquent le corps de garde au regard des navires.

Portfolio… Le corps de garde type 1846 s’expose.

Corps de garde crénelé n° 2, année « 1847 » dit « Fort de l’îlette de Kermorvan » (Le Conquet)

Destinés à mettre en état de défense l’anse des Blancs Sablons dont le dispositif s’étend de l’anse de Porsmoguer au nord (Plouarzel) à la pointe de Kermorvan au sud (Le Conquet)., six ouvrages sont construits de 1846 à 1852 et deux redoutes modernisées (à l’origine, des redoutes du 17e).

Le corps de garde crénelé de l’îlette de Kermorvan a été construit en 1847. Il s’agit d’un modèle n° 1 (2) permettant d’armer la batterie attenante. La batterie a été déclassée dès 1876.

Batterie de Kerdonis [Belle-Île – état octobre 2012]


Ce cliché permet de mettre en évidence la recherche d’une position défilée permettant une mise à l’abri tout à fait adaptée au regard de l’armement des navires dans les années 1840-1850.


Corps de garde crénelé n° 3, année « 1862 » de Calgrac’h et batterie du Kernic (Ouessant).

Défendant du mouillage de la baie de Béninou, le corps de garde et la batterie se présentent aujourd’hui dans un état très dégradé. Toutefois le site est intéressant puisque les bornes militaires sont encore visibles.



Orientations bibliographiques & liens sur la toile.

(1) TRUTTMANN (Ph.) – Les derniers châteaux forts. Les prolongements de la fortification médiévale en France (1634-1914). Thionville, Gérard Klopp, 1993.

(2) Un blog incontournable, surtout lorsqu’il s’agit des fortifications de côte de la première moitié du 19e : Association « 1846 »

Plus particulièrement…

Cache-cache avec les nuages & Castellologie… Lorsque l’Alsace se pare de ses couleurs d’automne

Si ce petit billet ne relève, au sens strict, ni de fortifications, ni de l’artillerie, il permet d’illustrer les quelques châteaux emblématiques de la région de Colmar, les Trois châteaux d’Eguisheim, sous une forme moins courue offerte par les vues aériennes… En jouant avec les effets produits par la brume matinale.

Très cordialement

JM Balliet

Nota : Pour voir s’afficher en grand les images, il suffit de cliquer sur l’une quelconque d’entre-elles… toutes les illustrations s’offrent à vous sous la forme d’un album. Il suffit d’un autre cic pour passer à l’illustration suivante.

Vue aérienne (Cliché Balliet JM — Dji Mavic Pro — oct. 2017)


Au même moment, vu du sol… il faut également composer avec la brume.

Vue aérienne (Cliché Balliet JM — Leica M Apo-Summicron-M 1:2/90 ASPH— oct. 2017)

Quelques clichés panoramiques… Ambiance, la plaine d’Alsace est encore couverte par une brume matinale !

Au premier plan : Husseren les châteaux

Une vidéo du vol [durée 1min. 40, disponible en 4K)…

Enfin, le même site se prête à d’autres expériences photographiques à l’aune de ce cliché pris d’un vol vespéral…

Vue aérienne (Cliché Balliet JM — Dji Mavic Pro — fin sept. 2017)

Les trois châteaux… cf. également un billet antérieur ici

Défense des côtes bretonnes : Batterie de côte de Lanildut (fin 18e & 19e s.)

Au temps de la marine à voile, le cabotage (navigation à proximité des côtes) revêtait un caractère essentiel. En cas de gros temps ou de menace ennemie — essentiellement les Anglais — un mouillage abrité était particulièrement apprécié. Par ailleurs, dès le 17e siècle, le risque d’une incursion ennemie pouvant atteindre les ports et les îles bretonnes était réel… D’où la nécessité de fortifier les côtes pour les mettre à l´abri des insultes de l’ennemi !

La batterie de l’Aber-Ildut permettait la défense de l’Aber Ildut et des atterrages sur la côte le long du chenal du Four. 



À la fin du 18e siècle et durant la période du 1er Empire, la batterie de Lanildut était armée par 3 canons de 12 livres installés sur des affûts de côte selon le modèle de Gribeauval. Le châssis était orientable permettant le tir à barbette (tir au-dessus de la crête du parapet) :  En se passant d’embrasures avec un débattement latéral très réduit, on pouvait diminuer le nombre de pièces sans nuire à l’efficacité de la batterie. Si le calibre de 12 n’est guère efficace contre des navires de quelque importance, il était toutefois suffisant pour détruire les matures et balayer les ponts de navires ennemis… Un effet suffisant au regard du type d’objectifs pressenti.


La batterie de Lanildut est encore mentionnée en 1858 : elle était alors armée de 2 canons de 30 livres et de 2 obusiers de 22 cm.

Avec les progrès la marine à vapeur et le recul du cabotage, la batterie est abandonnée avant la fin du 19e s.

Description

La batterie n’était armée qu’en temps de guerre ! En temps de paix : les pièces de l’affût en bois — élément le plus fragile — étaient remisées dans les arsenaux. Le tube était simplement posé sur la plate-forme en bois, à même le sol.


La batterie est formée de deux épaulements de terre. Ils prennent la forme d’un fer à cheval rectangulaire d’une ouverture de 7 mètres (batterie nord armée une pièce d’artillerie, parapet en terre) et 18 mètres (batterie sud abritant deux pièces, dont le parapet est partiellement maçonné).

En arrière sont disposés un corps de garde (partiellement restauré), un petit magasin à poudre (ruiné) ainsi qu’une guérite (également ruinée). Un mât à signaux, aujourd’hui disparu, complétait l’ensemble en permettant de communiquer avec les batteries voisines.


Conclusion

La batterie de Lanildut a fait l’objet d’une restauration de grande qualité entre 2003 et 2007 : restauration de l’épaulement et de la plate-forme sud, reconstitution d’une pièce de marine de 12 livres modèle 1786 reproduisant la situation des guerres de la Révolution et de l’Empire.

Le travail est en tout point remarquable ! En mettant en exergue un aspect modeste et pourtant essentiel de la défense des côtes, ce site est une réussite qui mérite d’être pérennisée.

Malheureusement, les vues aériennes que nous venons de réaliser montrent une érosion importante de la côte qui atteint désormais les masses de terre du parapet !

Orientation bibliographique…

Inventaire du patrimoine de la région Bretagne ici