Archives par mot-clé : Fortification bastionnée

Fortifications & architecture contemporaine… Saarlouis, Ravelin V

La ville de Saarlouis réalise de très importants travaux de mise en valeur ses fortifications et certaines réalisations peuvent, à mon sens, être qualifiées d’exemplaires.

C’est tout particulièrement le cas du secteur du Ravelin V qui revoit littéralement le jour. On y trouve, entre autres, un escalier d’une conception osée sur le plan architectural : s’il s’intègre parfaitement au site, il présente également une série de traits qui m’ont particulièrement séduits :

  • Sa conception — une sorte d’escalier-rampe contemporain — lui permet d’être emprunté sans difficulté aussi bien par les piétons que par les personnes à mobilité réduite !
  • Une autre fonction correspond à celle de tribune permettant d’accueillir un nombre conséquent de spectateurs alors que le fossé sert alors de scène.

Une vraie réussite  qui permet d’allier fortifications, architecture contemporaine et… intelligence !

Que cache cette structure faisant également office de table d’orientation et de de support pour des panneaux explicatifs?

… un transformateur électrique !

Les acteurs du projet…

Landschaftsarchitekten HDK Dutt & Kist GmbH, Saarbrücken

Mitarbeiter Thamayanthini Thiruchelvam

Projektpartner IBZ GmbH

Beratende Ingenieure, IBS Sauder GmbH, Tobias Link Lichtplanung

Bauherrin Kreisstadt Saarlouis, Dezernat III – Bauen, Umwelt und Immobilien

Fortifications & artillerie – Quelques réflexions à propos des peintures et marquages originaux

À l’aune de visites de fortifications ou d’études de pièces d’artillerie anciennes, j’ai été souvent frappé par le contraste entre l’énergie consacrée au « gros œuvre » — qu’il s’agisse de restaurer des pans de fortifications, une pièce d’artillerie et son affût, etc. — et la mauvaise qualité du rendu final qui correspond essentiellement au travail de mise en peinture.

C’est d’autant plus dommage que travail de restauration sous-jacent, souvent considérable, est mis à mal durant cette dernière phase. Pourtant la maxime bien connue « le diable est dans les détails » devrait conduire les restaurateurs à des réflexions plus abouties dans cette dernière phase, la plus visible !

Les mauvais exemples en la matière abondent… de la peinture de portes blindées style « porte de ferme » jusqu’à l’usage immodéré de la peinture noire à l’intérieur des ouvrages  et de la couleur « vert armée » des années 1970 pour des cuirassements du 19e. Pour y pallier, le remède est pourtant simple. Il correspond une approche systématisée et documentée, préalable obligé de toute restauration.

À cet effet, on peut s’appuyer utilement quelques éléments de base :

  1. De nombreux règlements qui apportent leur lot de précisions. Il convient bien évidemment d’en préciser le périmètre d’application dans l’espace et dans le temps. Ils ne peuvent toutefois pas donner une réponse à toutes les questions qui se posent… Il y a parfois un hiatus important entre le règlement et l’usage courant ;
  2. L’analyse de l’objet, préalable obligé avant tout travail de restauration ;
  3. L’étude de vestiges similaires bien conservés représente souvent un apport des plus précieux. C’est tout particulièrement vrai dans le domaine des fortifications où étude quelque peu attentive permet d’éviter nombre d’erreurs ;
  4. Enfin, une source majeure, trop souvent négligée car peut-être d’un accès plus difficile, correspond à l’usage des archives photographiques anciennes ou semi-récentes.

Suivant le type de restauration, certaines ressources seront bien évidemment plus accessibles que d’autres.

Nous ne ferons pas figurer dans ce billet des clichés de travaux moins réussis car il ne s’agit pas de stigmatiser. En revanche, nous illustrerons notre propos à l’aide de quelques clichés portant sur les fortifications et, parce qu’il s’agit d’un sujet assez similaire, les marquages des pièces d’artillerie antérieurs à 1914.

Fortifications…

Porte de Belfort — cliché original (nov. – déc. 1870) : noter les marques d’orientation peintes sur la façade du pavillon de la porte (© Fonds Balliet J.M.)
Porte de l’arsenal de Neuf-Brisach — Plus de 150 ans après… L’intitulé du bâtiment et les peintures d’origine française sont réapparues ! Un témoignage des plus précieux et probablement fortement menacé par une nouvelle mise en peinture. (© cliché Fonds Balliet J.M.)
Neuf-Brisach — Geschossladestelle I [G.L.St. I.] — La teinte de peinture grise d’un usage commun dans les fortifications allemandes du 18e est parfaitement conservée. Noter la numérotation de la serrure qui devait correspondre à celui de l’étiquette de la clé ! (© Cliché Fonds Balliet J.M.)

Et pour réaliser la transition entre fortifications & artillerie…

Mortier G de 270 mm Mle 1889 sur affût G à châssis circulaire Mle 1890 système Vavasseur. Batterie de côte, s.d. vers 1901  (© Fonds Balliet J.M.)

Exemples de marques sur les affûts de pièces d’artillerie françaises, période antérieure à 1914.


Mise en exergue de l’importance des sources photographiques originales…

Un cliché exceptionnel — une vue stéréoscopique s.d. vers 1855 — d’un canon obusier de 12 léger avec des marques peu réglementaires sur le caisson !  (© Fonds Balliet J.M.)
Quelques marquages apposés sur les affûts en 1870 ou peu après (© Fonds Dr Balliet J.M.)
Canon de 4 rayé de campagne Mle 1858 (système La Hitte). Sur la crosse de l’affût : « 13e Rt 11e Bie » Soit 13e Régiment d’artillerie de campagne, 11e batterie (© Fonds Balliet J.M.)
Canon de 155 C Mle 1890 de Baquet (© Fonds Balliet J.M.)

Canon de campagne de 75 mm Mle 1897. Classe 1901 – le 8 juillet 1905. Artillerie de la 6e division de cavalerie – 2e Régiment – 11e Batterie (© Fonds Balliet J.M.)

Canon de 155 C Mle 1904 TR Rimailho en position de route. « ART LOURDE 135 C Mle 1904 TR » & « 2e Regt 117 BATie Pce N° 1 »  (© Fonds Balliet J.M.)

Ars militaris nach der Revolution. der europäische Festungsbau in der 1. Hälfte des 19. Jahrhunderts und seine Grundlagen [parution]

À signaler la publication du volume 8 de l’excellente série d’ouvrages publiés à la suite des colloques annuels de la Deutsche Gesellschaft für Festungsforschung [DGF]… 

 

 

 


[FESTUNGSFORSCHUNG Bd. 8] – KUPKA (Hrsg. A.) – Ars militaris nach der Revolution. der europäische Festungsbau in der 1. Hälfte des 19. Jahrhunderts und seine Grundlagen. Regensburg, Schnell & Steiner – Deutsche Gesellschaft für Festungsforschung, 2016 ; in-8, 272 pp.
ISBN: 978-3-7954-3140-2


Les sujets traités abordent une période importante et par trop négligée : cette première moitié du 19e siècle qui comprend encore les guerres de l’Empire. C’est durant cette même période qu’on s’éloigne, peu à peu, des dogmes professés par la fortification bastionnée et ses hagiographes.
La diversité et la richesse des contributions témoignent d’une dynamique qu’il faut initialement chercher en Allemagne et en Italie, même si la main est, étonnamment, parfois française (cf. infra) :

  1. KUPKA A. – Ein kleiner Überblick zur Kölner Stadtbefestigung.
  2. OTTERSBACH C. – Türme, Kaponnieren und Kasematten. Die Grundlagen für den europäischen Festungsbau der ersten hälfte des 10. Jahrhunderts.
  3. SIEVERT P. – Die preußische Befestigung Kölns von 1815 bis 1870.
  4. MEYNEN H. – Baukünstlerische Gestaltung der Kölner Militärarchitektur seit 1815.
  5. LOEW B. – Die preußische Modernisierung der Festung und der Garnison Saarlouis.
  6. WAGNER R. – Militärarchitektonische Experimente in der Festung Luxemburg.
  7. PODRUCCZNY G. – Die Tätigkeit Friedrichs des Großen auf dem Feld der beständigen Befestigung und sein Einfluss auf die Befestigung des 19. Jahrhunderts.
  8. JORDAN K. – Die hoheitliche Kennzeichnung der Bundesfestungen 1815-1866. Ein Rekonstruktionsversuch.
  9. BALLIET J.M. – Der französische Genieoffizier Chasseloup de Laubat und der Napoleonische Einfluss auf den Festungen in Norditalien (1796-1830).
  10. BRAGARD Ph. – The defensive system of the Dutch Belgium (1815-1830).
  11. BAKKER H. – Die neue Holländische Wasserlinie.
  12. BERTHOLD A., MADER I. – Der Festungsplaner Maximilian Joseph von Österreich-Este.
  13. RELLA C. – Der europäische Festungsbau in Übersee 1800-1850.

À titre personnel, ma contribution à cette publication me permet, enfin, de finaliser, sous une forme adaptée, un projet initié onze ans auparavant lors du colloque d’Annecy (27e BCA – Alpyfort, 2015) et portant sur les fortifications françaises du Premier Empire et, plus particulièrement, le général Chasseloup de Laubat.

À cet effet, il m’a été donné d’intervenir lors du colloque de Cologne (2014) et de rédiger — plus difficilement, car en langue allemande — une communication conséquente à ce propos : (trad. libre) Le général Chasseloup de Laubat et l’influence de Napoléon Bonaparte sur les fortifications en Italie du nord (1796-1830).

C’est tout à l’honneur de nos hôtes (et amis) allemands de la DGF !

Bien cordialement


JMB 


Vers la page sur le site de l’éditeur

Un livre, un jour… VAUBAN – Le directeur général des fortifications

Dans son mémoire intitulé « Le directeur général des fortifications », rédigé en 1680, Vauban définit les tâches de chaque responsable. Ce mémoire fait rapidement l’objet d’une première édition pirate en Hollande dès 1685 (éd. Van Bulderen) qui semble avoir été promptement épuisée. Elle est rapidement suivie par une seconde édition proposée par Mœtjens dès 1689.

VAUBAN (Sébastien le Prestre de) - Le directeur général des fortifications par Mosr. de Vauban, Ingénieur général de France, &c. Seconde édition revûē et corrigé. La Haye, Arian Moetjens, 1689.
VAUBAN (Sébastien le Prestre de) – Le directeur général des fortifications par Mosr. de Vauban, Ingénieur général de France, &c. Seconde édition revûē et corrigé. La Haye, Arian Moetjens, 1689.

Dans son épitre dédicatoire, il la justifie comme suit : « Ce petit traité, que je prends la liberté d’offrir à votre altesse sérénissime a voulu paraître il y a quelque temps dans une ville voisine de cet état; mais le grand crédit de l’auteur sans la permission duquel il prétendait se produire en public, plutôt la crainte que l’on conçût que les étrangers en profitassent, l’a fait incontinent (sic.) disparaître. Si bien qu’il a été obligé de chercher ailleurs que dans sa patrie la liberté de se faire voir. […] ».

Cet ouvrage se divise en deux parties. Dans la première, Vauban définit l’organisation par subordination hiérarchique des ingénieurs et détaille les compétences et les tâches de chacun. Il détaille plus particulièrement les fonctions suivantes : directeur général, intendant des fortifications, ingénieur ordinaire, ingénieurs en second, conducteurs et chasse-avants (inspecteurs commis dans les grands ateliers pour diriger les ouvriers, faire marcher les chariots). La seconde partie présente un caractère plus technique : toisé, estimation des dépenses, devis et marchés.

VAUBAN (Sébastien le Prestre de) – Le directeur général des fortifications par Mosr. de Vauban, Ingénieur général de France, &c. Seconde édition revûē et corrigé. La Haye, Arian Moetjens, 1689.